JE NE VEUX PAS DESSINER UN MOUTON
Au long de sa carrière, Damien Bouvet a changé innumérables fois de peau sur scène. Funambuliste de la métamorphose, en observant ses spectacles, on dirait que la peau a été son véritable costume.
En se cherchant une silhouette, une identité de clown dessinée par l’enfant qui vit en lui, il a forcé sa peau à s’élargir, à se transformer, plier, se tordre, devenir âpre, lisse, poilue, poudrée de blanc… pour nous délivrer ses spectacles.
Dans sa nouvelle proposition, Je ne veux pas dessiner un mouton, il épure les formes, on ne trouvera pas sa panoplie d’objets et dans une scène presque vide, il prend des morceaux de papier comme s’ils étaient des peaux pour les faire exister.
Car il sait bien que sans peau la personne n’existe pas.
Accompagnée d’un louper, il produit aussi des brutons (bruit plus notes), des atmosphères, des chansons qui accompagnent cette métamorphose du peaupapier et l’espectateur découvre des formes, suit des microsituations, l’oreille voyage, le regard rêve.
S’il te plaît… dessine-moi un mouton !
Et Damien s’y met à dessiner un mouton, mais les choses ne sont pas si faciles chez lui, et le petit prince, il est, par fortune, jamais satisfait.
C’est de l’humain qu’il dessine, car on sait tous très bien, le petit prince aussi, qu’il n’y a rien de plus profond que la peau.
Jorge Picó, Neuvy deux clochers, 19 septembre 2024.
NO QUIERO DIBUJAR UN CORDERO
A lo largo de su carrera, Damien Bouvet ha mudado innumerables veces de piel en el escenario. Funambulista de la metamorfosis, cuando uno asiste a sus espectáculos, diría que la piel es su verdadero vestuario.
Empeñado en la tarea de buscarse una silueta, una identidad de clown dibujada por el niño que habita en él, ha terminado por obligar a su piel a que se agrande, se transforme, se pliegue, se retuerza, a que se vuelva áspera, lisa, peluda, hasta de un blanco harinado… lo hemos visto en sus espectáculos.
En su nueva propuesta, Je ne veux pas dessiner un mouton (No quiero dibujar un cordero) Damien purifica las formas: ya no encontraremos el rastro de objetos que suele poblar sus escena sino que en un escenario casi vacío trabaja con pedazos de papel como si fueran retazos de piel que tiene que conseguir que vivan en escena.
Pues él sabe muy bien que sin la piel las personas no existimos.
Acompañado de un looper, Damien crea ruinodas (ruido y notas musicales), atmósferas, canciones que acompañan esta metamorfosis de la pielpapel y el espectador, invitado al taller del artista dibujante, descubre formas, microsituaciones teatrales… la oreja viaja y el ojo sueña en esta invitación
Por favor… dibújame un cordero… Le piden al Principito en la obra de Saint-Exupéry
Y Damien se afana en la tarea. Pero las cosas no son nunca tan sencillas en sus creaciones, y él, al igual que el Principito, no está nunca, afortunadamente, satisfecho.
Son trazos de humanidad los que intenta dibujar, pues todos sabemos, y el Principito mejor que nadie, que no hay nada más profundo que la piel.
Jorge Picó
